80 solutions pour décarbonner: la plus importante, les fluides frigorigénes

Par Adrien

Grand défenseur de l’environnement, l’Américain Paul Hawken propose 80 solutions scientifiques et logiques pour diminuer les gaz à effet de serre. 80 chercheurs ! 

 

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Anxiogène et insurmontable, le réchauffement climatique ? Le dernier livre de Paul Hawken, 72 ans, constitue un vigoureux antidote à la résignation – son titre, Drawdown, désigne le point de bascule à partir duquel la concentration de gaz à effet de serre commence à diminuer.

L’auteur, écologiste respecté aux Etats-Unis, y propose un plan en 80 solutions validées par 70 chercheurs, pour inverser le cours de nos émissions. Rencontre avec un « optimiste réaliste ».

Ce livre est avant tout une grande aventure scientifique...

PAUL HAWKEN. En 2014, nous avons lancé une invitation tout autour du monde. Les candidatures de chercheurs ont afflué, 70 ont été retenues. Le travail a commencé. Tous les projets mentionnés dans le livre sont déjà en train d’être développés. Pour les sélectionner, nous nous sommes appuyés sur des revues scientifiques de référence et sur des institutions économiques reconnues. Nous les avons projetés sur trente ans afin de créer ce plan.

Ce plan, qu’apporte-t-il de neuf ?

D’habitude, pour limiter le réchauffement, les experts parlent uniquement d’énergie. C’est une problématique cruciale, mais nous avons mis à jour d’autres réponses que personne ne soupçonnait. La première solution de notre top 10 porte ainsi sur le recyclage des fluides réfrigérants nécessaires à la fabrication du froid dans les réfrigérateurs ou les climatiseurs, afin qu’ils ne s’échappent pas dans l’atmosphère.

La numéro 3 concerne la réduction du gaspillage alimentaire. La quatrième privilégie une alimentation riche en végétaux, plutôt qu’en produits carnés.

Nous proposons par ailleurs une solution concernant l’éducation des filles. Les femmes ayant suivi de longues études gèrent mieux leur contraception. Elles ont moins d’enfants (et ils sont en meilleure santé), ce qui, mécaniquement, réduit les émissions de CO2.

Il y a aussi le développement du sylvopastoralisme : l’intégration d’arbres dans les élevages de bétail. Nos propositions sont étonnantes.

Et la majorité de ces propositions, bonnes pour le climat, ont aussi un impact positif sur le plan social ?

Elles sont bénéfiques pour les familles, l’emploi, la santé, la biodiversité... Prenons l’exemple des femmes à la tête de petites exploitations : si elles avaient le même accès que les hommes aux crédits, à l’éducation ou aux technologies, leur rendement augmenterait de 26 %. Cela réduirait les émissions, et améliorerait la vie de ces femmes et de leur famille.

Avons-nous les moyens financiers de mettre tout cela en oeuvre ?

Il y a dix ans, le coût de ces solutions était plus élevé que les dépenses générées par les problèmes. Mais cela s’est inversé. L’électricité produite avec de l’éolien terrestre est désormais moins chère que celle issue du charbon ou du nucléaire.

Idem pour l’agriculture « régénératrice » (qui s’appuie sur la culture sans labour, la diversification et la rotation des cultures, peu ou pas de pesticides, NDLR)... Longtemps, l’agriculture industrielle a produit plus de nourriture avec moins d’argent. Mais les fermiers auxquels nous avons parlé aux Etats-Unis se sont convertis à ce mode plus durable de culture car ils étaient fauchés.

A qui s’adresse ce plan : politiques, citoyens, entreprises... ?

A tous ! Le changement ne doit pas s’imposer du haut vers le bas, mais s’appuyer sur l’intelligence collective de l’humanité. Le livre, publié il y a un an en Amérique, est traduit dans neuf langues. Partout, des universités, des entreprises, des associations s’en emparent pour en faire un outil de travail.

 

Drawdown - Comment inverser le cours du réchauffement planétaire, de Paul Hawken, Actes Sud, 576 p., 32 €, à paraître le 16 mai.
 
Source le Parisien