etre frigoriste ou pas
Date : jeudi 05 février 2009 @ 18:55:11 :: Sujet : les dossiers d'actualités
QUI SONT LES FRIGORISTES ?
Quelle sorte de personne devez‐vous être pour devenir frigoriste? Devez vous être
extrêmement intelligent ou au contraire dans certains cas complètement stupide ?
N’avez‐vous jamais été confronté à un problème ou à un client particulier en vous
demandant ‘’mais qu’est que je fais ici ???’’
Être frigoriste nécessite d’endosser plusieurs personnalités ou casquettes pour être capable de faire son travail avec un minimum d’embêtements. La première casquette (difficile) à porter sera celle du stagiaire. Faut bien commencer un jour. J’imagine que nombre d’entre vous aurait des tas d’histoires à raconter sur ces stages…. Cependant cette casquette sera bientôt remplacée par une autre plus humaine une fois que vous aurez fait la preuve que vous pouvez exécuter correctement certaines tâches, comme nettoyer les condenseurs colmatés, remplacer les vieux ventilateurs rouillés et aspirer cette matière gluante au fond des vitrines qui vous permet dès 6 heures du matin de vérifier que vous avez l’estomac bien accroché. Eventuellement vous aller encore progresser vers la dimension de personne humaine capable d’effectuer une plus large gamme de tâches comme l’astreinte 24/24 et quelquefois surmonter une belle première galère. Ensuite vient la partie effrayante : lâché seul dans la nature et sans aucun soutien (ben quoi ??? Vous n’imaginez tout de même pas pas que le chef de service va répondre au téléphone à l’heure de l’apéro alors que vous venez d’arriver sur une centrale vide de fréon avec en plus une énorme mare d’huile par terre… effronté, va !!) Lorsque ce stade est atteint vous êtes devenu un frigoriste (ou en tous cas vous croyez que vous l’êtes). Vous êtes maintenant autonome, vous avez votre fourgonnette (c’est ce qui est inscrit sur le livre de bord) et vous avez une panoplie d’outillage, mais utilisons le terme ‘’outillage’’ avec prudence, beaucoup devront se contenter d’un strict minimum voire même d’un minimum très strict. Dorénavant littéralement ‘’inondé’’ d’appels puisque la plupart d’entre eux concernent des fuites d’eau. Vous avez désormais la casquette du plombier et c’est cette image que le client gardera toujours de vous. N’ai‐je pas raison ? Au fur et à mesure que vous prenez confiance en vous, vous sentez que vous pouvez réparer n’importe quoi, mais en réalité la moitié du service repasse derrière vous et vous êtes connu affectueusement comme une balle de caoutchouc qui rebondit sur tout ce qu’elle touche. Vous êtes alors le ‘’panneur’’ de service. Cela va passer au bout d’une année ou deux et vous recevrez enfin le titre de frigoriste compétent – surtout lorsque vous prenez les tours d’astreinte des collègues. Pour la durée de ces astreintes vous devenez un technicien incomparable et irremplaçable……surtout pour celui que vous remplacez. La réciproque n’étant pas forcément vraie. D’ailleurs si on revenait aux fuites d’eau…. Le summum en la matière étant l’appel à 2 heures du matin pour une petite flaque au pied de la vitrine ultra‐frais, qui vient d’être détectée par un vigile dont sur le moment vous évaluez le QI comme étant proche de celui d’une moule de bouchot. Dans la catégorie des dépannages glorieux on évoquera aussi la pizza surgelée tombée malencontreusement sur la sonde de reprise d’air et qui du coup va vous déclencher une alarme température. C’est dans ces moments de solitude infinie que vous deviendrez peut‐être des partisans de l’euthanasie. Et aussi totalement allergiques aux pizzas surgelées ou tout autre victuaille encartonnée qui vous aura joué le même tour . La liste des casquettes que vous portez n’est pas close : La casquette de communication qui est utilisée pour n….er le client, je veux dire expliquer au client quel est le problème, ou pour se plaindre de la complexité du travail, comme si vous l’aviez réellement fait et justifier le temps que vous avez passé. Et faire avaler un devis qui laissera un souvenir impérissable. La casquette suivante est diplomatique et utilisée lorsque que vous êtes le cinquième dépanneur qui intervient sur la même panne ce week‐end (tiens ! ça rappelle la balle de caoutchouc) et que le client est consterné. Là encore on fait également référence à la communication. La majorité des frigoristes est dotée de bon sens mais quelques uns n’en ont pas. Mais nous ne sommes pas tous parfaits, nous avons tous nos points forts et nos faiblesses que ce soit en mécanique ou en électricité lorsque nous remplissons notre rôle de technicien frigoriste. Certains portent toutes ces casquettes à la perfection, d’autres moins bien et certains pas du tout. Certains se vantent d’avoir toutes ces compétences particulières mais personne ne les a jamais vus à l’oeuvre. Si, si !ça arrive aussi. Parfois ça marche…….L’essentiel n’étant alors pas le travail qui a été réalisé mais ce que le client (ou le patron) CROIT qui a été réalisé. En général dans ce cas l’illusion est d’assez courte durée. Quoique … Tous les gens portent ces casquettes de différentes manières et avec leurs propres styles qui apparaissent au travers de leurs personnalités. Les frigoristes sont une race à part qui ont besoin pour s’épanouir de faire des tonnes d’heures supplémentaires et de raconter des histoires de dépannages tordus, chacun en ayant bien sûr la meilleure –et la plus tordue. Depuis ces dernières années on entend dire que le niveau des nouveaux techniciens est en baisse constante. Faut voir… Pourtant la profession continue d’exister et d’avancer. Et tous les jeunes qui débutent et qui sont un peu accrocheurs réussissent parfaitement dans ce métier exigent. Le métier devient de plus en plus contraignant, que ce soit au niveau des normes, des clients, des astreintes ou de la concurrence souvent impitoyable. Et pourtant nous sommes toute une bande de gens passionnés par leur métier et fiers de ce qu’ils font. Chaque jour, chaque nuit des centaines de fourgons se hâtent par monts et par vaux pour réaliser de nouvelles installations, dépanner des clients de toutes sortes et maintenir sous perfusion des systèmes de froid en plus ou moins bon état. Il y a des jours faciles, les interventions se déroulent comme dans un film, riches en nouvelles expériences, en rencontres enrichissantes, des journées d’où l’on rentre avec le sentiment d’avoir bien oeuvré pour la profession. Et des journées sans fin, de dépannages galères, de mises en service ou rien ne se passe comme prévu, avec des clients qui semblent n’avoir comme but que de vous empoisonner la vie ; des jours ou on a l’impression que tout et tout le monde se sont ligués contre nous. Les journées difficiles, on les oublie, et ce qui reste c’est cette certitude d’avoir un métier hors normes, ou les mots de liberté et d’autonomie ont encore une vraie signification !!! Voila j’en ai fini pour cette fois, l’idée de ce texte m’est venue en me baladant sur le site anglo‐américain : refrigeration‐engineer.com ou un de nos collègues d’outre Atlantique ou d’outre Manche tenait des propos un peu du même ordre. Frigoristes de tous pays unissez vous !!!!! @+ nh3.
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