L'interview de l'été

Date : lundi 22 août 2016 @ 09:58:20 :: Sujet : Les interviews de nos domaines

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La société DT FROID, pme dynamique du Nord pas de Calais, créé en 2006 par Christophe Despierres avec 2 techniciens  est aujourd’hui forte de 9 salariés.

Son cœur de métier est l’installation, le dépannage et la maintenance d’installations frigorifiques dans le secteur de l’agro-alimentaire (agriculteurs et coopératives agricoles) et de l’industrie. 

Christophe Despierres, patron résolument ambitieux et optimiste, s’est entretenu avec nous sur ses perspectives de développement  et sa vision à court terme des changements dans le métier du froid.



Quel est votre parcours avant cette création d’entreprise ?

J’ai fait un BEP électrotechnique puis un bac pro énergétique que j’ai abandonné pour des raisons techniques. J’ai eu la chance de découvrir en 1996 une formation AFPA en contrat de qualification que j’ai effectuée pendant 2 ans auprès d’un artisan. L’alternance était pour moi un bon moyen de toucher au milieu du travail.

 

Quel est votre mode de recrutement aujourd’hui ?

Je dirai que le mode de recrutement est fait de différentes façons : le recrutement de stagiaires par l’AFPA et les rencontres sur le terrain ou chez les fournisseurs. Nous n’avons pas de partenariat pour de l’alternance. Ce sera un sujet dans les prochaines années.
On est dans un petit monde et on fonctionne beaucoup par le réseau.

 

Quelles sont vos principales difficultés en tant que chef d’entreprise de PME ?

La chose la plus difficile est pouvoir faire avancer les chiffrages et les devis avec notre approche commerciale de la clientèle. Les obligations administratives nous prennent beaucoup de notre temps. Elles ont doublé depuis notre création. J’y consacre 2 jours par semaine et c’est un vrai frein au développement de l’entreprise même si je délègue.

 

Est-ce que vous rencontrez des difficultés sur la gestion humaine de votre personnel et les recrutements ?

On n’est pas préparé à la gestion du personnel lorsque l’on crée une entreprise et encore moins lors de la formation de 3 jours que l’on reçoit  pour devenir gérant.
On a un métier très prenant et ce n’est pas facile de tout concilier. La moyenne  d’âge est assez jeune chez nous autour de la quarantaine. Je n’ai eu que 3 départs depuis 10 ans. Au vu de notre métier très technique et de ses exigences, nous avons besoin de stabilité dans nos équipes.



Pour parler de l’actualité, êtes-vous favorable à la nouvelle loi travail El Khomry notamment sur l’assouplissement des licenciements ?

Sur cela oui, il faut être clair nous avons un système très rigide. Nous petite PME, n’avons malheureusement pas la possibilité d’attendre plusieurs mois pour se séparer de quelqu’un dont la productivité a baissé.

 

Si c’était à refaire, vous le referiez ?

Je le referai mais différemment. Pas sous la même forme juridique. En tant que petite PME parfois, on a du mal à intégrer les marchés par manque d’investissement. On travaille avec une main d’œuvre chère où nous ne sommes pas assez concurrentiels. C’est dur de trouver un juste milieu.

 

Rencontrez-vous des difficultés à vous faire payer par vos fournisseurs et clients ?

Oui, c’est un combat quotidien depuis le premier jour de notre création. Depuis l’an passé ça s’est un peu plus détérioré peut être par le manque de visibilité et de confiance des gens. L’activité est quand même bien distendue.

 

Etes-vous confiant aujourd’hui sur le développement de votre société ou inquiet ?

Depuis 2006 je suis pratiquement à 2embauches par an alors je suis un petit peu obligé d’y croire…
L’intérêt c’est d’aller de l’avant. Si aujourd’hui je ne m’en sors pas avec le Nord pas de Calais et bien j’irai sur des marchés à l’étranger. J’y pense.

 

Vous vous sentez soutenu dans votre activité de PME ?
Je suis adhérent au Sneffca depuis 10 ans et on a heureusement ce soutien- là. Ça nous permet d’être à l’affut de pas mal de chose notamment au niveau réglementaire, juridique et social.
Je ne sais pas comment font les indépendants qui n’y adhérent pas. C’est essentiel d’être au courant de savoir ce qui nous attends et ce qui est négocié dans la profession.

 

En quoi la F-Gaz impacte votre entreprise ?
On a trouvé des producteurs de gaz qui nous ont donnés des solutions de transition.
Aujourd’hui nos installations sont faites essentiellement au 134 dans la partie positive et sur la partie négative on utilise un fluide de transition pour plus tard pouvoir passer aux HFO. Nous n’y sommes pas encore. Il faut le proposer au client qui choisit. Le prix du HFO est excessivement cher autour de 120 euros le kg de fluide. Aujourd’hui on fait des propositions à nos  clients mais on ne peut pas les forcer. L’obligation se fera à partir de 2020. Ce qui est sûr c’est que la transition doit commencer maintenant.

 

Ce changement a-t-il ou aura-t-il un impact commercial pour vous ?
On va devoir remplacer beaucoup d’installations qui vont basculer de la détente directe à de l’eau glacée. Ca va nous faire du travail. Il faudra lancer des études sur ces changements. La question est et sera de savoir qui fait l’étude et qui va la payer…

 

Quel est votre mode de retraitement des déchets ?
En tant que PME, nous faisons débarrasser les déchets de nos clients par une société qui nous en certifie le suivi.
Nous ramenons les récupérations de fluides à nos distributeurs en échange d’un BDSD (bordereau de suivi de déchet) Concernant nos petits déchets restants, c’est une société extérieure qui intervient et nous les enlève. En interne on les pré -tri par catégorie.

 

Quel coût cela engendre t-il pour vous?

Le seul coût que ça a pour nous est du temps passé sur l’administratif. Tout le reste est refacturé au client. La nouvelle réglementation la F-Gaz nous donne du travail jusqu’à 2030, donc c’est plutôt positif.
Ce sera plus de travail notamment de remplacement d’installations et surtout du travail plus suivi dans le domaine du froid, avec 4 contrôles par an au lieu de 2 actuellement. Le système frigorifique n’est pas seulement une installation qui fait du froid, c’est un système qui émet des déchets. Tous les clients ne comprennent pas…c’est une question de génération.

Les gens pensent surtout à l’impact de l’achat d’installations neuves  sur leur budget mais très peu au retour sur investissement de tels changements. L’approche clientèle est très difficile à cause de cela.
Seulement 5% de ma clientèle a basculé sur les nouvelles installations. Je pense que même après 2020 il restera encore 50% du parc  à changer. J’ai aujourd’hui encore des parcs de stockage qui datent des années 80-90.
On mettra énormément de temps.

 

Propos recueillis par Joan ZAKTREGER

 

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